vendredi, novembre 10, 2006

Le christianisme en Afrique Romaine

J'ai suivi en licence les cours du professeur Maraval sur le Christianisme Antique depuis Constantin (ah les stylites, les marcionites les novatiens, les encratites, sans parler des gnostiques, voire les jacobites... homoiousios ou homoouisios ? hein ? tout cela n'avait naguère plus de secrets pour moi...)
Oh miracle, j'ai gardé le bouquin du cours et j'ai eu la joyeuse idée de l'ouvrir à la page "Afrique" puis à la page "Donatisme"; ca ne couvre toutefois qu'une petite partie du programme (conversion de Constantin, si je ne m'abuse, en 312), mais il m'a semblé intéressant de relire - et de faire une fiche.

Donc, d'après Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, ed. PUF coll. Nouvelle Clio, 1998.

p. 127 l'Afrique du Nord

[Le christianisme en Afrique (mi –IIIe s. – invasions vandales).]

256 : un Concile réuni 87 évêques autour de Cyprien de Carthage. Implantation favorisée par la compétition des deux églises, donatiste et catholique.
336 : les partisans de Donat tiennent un Concile de 270 évêques.
411 : conférence donatistes/catholiques qui rassemble 300 évêques de chaque parti. Mais évêques très divers : des urbains, d’autres à la tête de grands domaines…
Christianisation plus poussée dans les provinces orientales Proconsulaire, Numidie, Byzacène.
Fin du IV e s. Eglise d’Afrique très marquée par évêque Aurelius (Carthage 392 – 430) et Augustin d’Hippone. Eglise d’Afrique réorganisée après 393 par conciles pléniers.
Paganisme reste vivant dans toutes les classes de la société. Cf. Saint-Augustin qui se souvient avoir assisté aux processions bacchiques dans les rues de Madaure. Beaucoup d’adhésion au christianisme durant l’époque théodosienne, mais avec des limites.
401 : concile de Carthage demandent que soient mises en application les lois prises contre le païens, mais reste inappliqué jusqu’en 407.

Pendant de nombreuses années, l’Eglise donatiste semble avoir été la plus forte et la plus hostile, surtout en Numidie, mais elle s’étiole après son interdiction officielle en 411.
Afrique peu touchée par les développements de la crise arienne.
En revanche, Augustin joue le premier rôle dans la crise pélagienne, jusqu’à faire reculer le pape Zosime (418)
On trouve aussi des montanistes et des manichéens.

Augustin, un des principaux acteurs de la lutte contre le donatisme. Né à Thagaste en 354 rhéteur à Carthage, Rome et Milan, où il est baptisé en 386. Ordonné prêtre en 391 à Hippone, il en devient évêque en 396. Meurt en 430. Déploie une grande activité littéraire. S’oppose aux donatistes, pélagiens, manichéens, surtout aux païens. Les Confessions et La Cité de Dieu. Un des théologien les plus remarquable de tout l’Occident.
A noter également Quodvultdeus, évêque de Carthage au moment de sa prise par les vandales, a laissé quelques écrits.

La crise donatiste : deux conceptions de l'Eglise (p. 297)

[Donatisme – les origines - p. 297 - 298]

Point de départ : élection contestée d’un évêque de Carthage après la grande persécution ordonnée par les édits de Dioclétien en 303/304. Après les persécutions, des tensions ont lieu entre les chrétiens qui avaient fait preuve d’une résistance intransigeante et ceux qui ont préféré une attitude plus prudente. Mensurius qui avait eu une attitude réservée meurt en 311. Son archidiacre Cécillien lui succède mais il avait eu la même attitude -> contestaion menée par le primat de Numidie, Secundus de Tigisi, qui devait l’ordonner. Ordonne un concile de 70 évêques qui cite Cécilien à comparaître, il refuse. Sa consécration est annulée au motif que parmi ses consécrateur se trouvait un traditor (traître) Félix d’Abtughini, accusé d’avoir livré les Ecritures aux autorités civiles. Le concile élu pour le remplacer le lecteur Majorin ; meurt en 313, et Donat lui succède.
Schisme dans lequel jouent aussi des facteurs ethniques, sociaux et économiques.
Pour les donatistes, le crime de traditio est si grave que le simple fait de recevoir la communion de celui qui l’a commis fait contracter la même souillure ; donc Cécilien et tout se partisans sont des traditor . Ca les exclut de l’Eglise et rend sans valeurs leurs sacrements. Donatistes suivent le mot de Cyprien de Carthage : « Hors de l’Eglise, point de salut ».
Les persécutions qu’ils subissent du pouvoir civil les légitime encore : pour eux la véritable église souffre toujours persécution.
Donatisme s’accorde a la vie rurale, récusant le catholicisme associé au christianisme des villes, à la culture et vie sociale associée à la romanité. Mais mouvement implanté aussi dans les villes. Eglise donatiste a aussi souvent été présentée comme celle des pauvres et des exclus.

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